Le match entre Ă©diteurs de presse et fournisseurs d’intelligences artificielles est montĂ© d’un cran. L’Alliance de la presse d’information gĂ©nĂ©rale, menĂ©e par Pierre Petillault et LĂ©a Boccara, a lancĂ© une sĂ©rie massive de mises en demeure visant 81 Ă©diteurs, totalisant 240 notifications pour faire cesser le crawling sauvage de leurs contenus par Common Crawl, un fournisseur majeur de bases de donnĂ©es utilisĂ©es par les IA. L’objectif ? Forcer les acteurs de la tech Ă nĂ©gocier enfin des licences lĂ©gitimes pour l’usage de ces donnĂ©es issues des mastodontes de la presse française et europĂ©enne.
Allergique aux pavĂ©s ? VoilĂ ce qu’il faut retenir. |
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✅ 240 mises en demeure envoyées par 81 éditeurs : une action coordination sans précédent pour stopper le scraping abusif par Common Crawl. |
✅ Près d’un milliard de contenus identifiés dans Common Crawl, prouvant un crawling massif et détournant les paywalls. |
✅ Un levier juridique inédit : assignation en justice possible pour contrefaçon si la négociation échoue. |
âś… Un appel clair Ă la monĂ©tisation du contenu pour remettre les Ă©diteurs au cĹ“ur de l’Ă©cosystème informationnel. |
Pourquoi la lutte contre le crawling sauvage de Common Crawl est une bataille stratégique pour les éditeurs
L’affaire que mènent la loi et la raison stratĂ©gique de l’Alliance de la presse d’information gĂ©nĂ©rale se rĂ©sume Ă un fait tangible : plus d’un milliard d’articles et extraits de presse de leurs membres, collectĂ©s depuis 2007, envahissent les bases publiques de Common Crawl utilisĂ©es Ă tout-va par les fournisseurs de grands modèles linguistiques (LLM). Ce volume phĂ©nomĂ©nal d’informations grignote la valeur unique des contenus produits par des mĂ©dias comme Le Figaro, Le Monde, Ouest-France ou encore LibĂ©ration.
Évidemment, le comportement des IA qui s’entraînent sur des données publiques ne date pas d’hier. Mais c’est le quantitatif et le qualitatif de cette extraction qui pose un vrai problème : Common Crawl contourne sans vergogne les paywalls et récupère des archives complètes :
- 🚀 Des articles rĂ©cents et historiques qui constituent l’essentiel de l’ADN informationnel
- ⚠️ Extraction massive au mépris des droits d’auteurs et contrats commerciaux
- 💥 Un impact direct sur la rémunération des éditeurs et leur modèle économique
Pour couronner le tout, la stratégie de Common Crawl s’appuie sur la prétendue accessibilité publique du contenu, évitant de facto toute négociation et paiement de licence auprès des producteurs légitimes d’informations.
À l’image de cette menace pour la presse, il est utile de jeter un œil aux dernières tensions autour des recettes publicitaires en France. Le récent article sur l’inquiétude des éditeurs face à la baisse des revenus publicitaires illustre bien combien les éditeurs sont fragiles face aux changements économiques.
Aspects clés du crawling de Common Crawl | Conséquences pour les éditeurs |
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Collecte automatique 24/7 depuis 2007 | Accumulation non autorisée de contenus protégés |
Contournement des paywalls | Perte de revenus directs et d’abonnements |
Archives accessibles librement par les IA | Exploration massive au détriment de la valeur éditoriale |

Comment les mises en demeure massives seront-elles déployées pour stopper le crawling des IA ?
Vous vous demandez sûrement comment concrètement l’Alliance fait mouche avec ses 240 mises en demeure issues de 81 éditeurs. C’est un coup coordonné d’une rare ampleur qui reste ultra ciblé :
- 📬 Chaque mise en demeure est accompagnĂ©e d’un constat d’huissier prouvant la prĂ©sence du contenu de l’Ă©diteur dans Common Crawl, Ă©liminant toute discussion abstraite.
- 📅 La demande est claire : suppression immédiate des archives, destruction complète des contenus extraits et interruption durable du crawling sur leurs sites.
- 🛑 En cas de refus, la menace d’un procès pour contrefaçon pèse lourd. C’est un levier juridique inédit dans ce secteur.
Cette tactique n’est pas seulement juridique. C’est un message clair aux géants de l’IA comme Amazon, Google, Meta, OpenAI ou Microsoft, qui jusqu’ici ont multiplié les refus d’ouverture de négociations officielles malgré les courriers communs envoyés depuis 2023.
La mĂ©thode a le mĂ©rite de repositionner la balle dans le camp des fournisseurs de modèles, qui ne peuvent plus balayer d’un revers de main l’immense contribution des mĂ©dias Ă leur entraĂ®nement.
Un parallèle intéressant : cette stratégie rappelle les débats sécuritaires sur la protection des données personnelles via le RGPD, où les petites structures ont réussi à freiner les abus des grands acteurs. Ici, la question mêle propriété intellectuelle et équité commerciale.
Enfin, en matière d’action digitale concrète, on notera que si vous travaillez sur votre propre site et craignez le crawling sauvage, il est crucial de contrôler méticuleusement vos fichiers robots.txt pour limiter les accès non désirés aux crawlers.
Éléments clés des mises en demeure | Effets attendus |
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Preuves d’huissier à l’appui | Validation de la présence illicite des contenus dans Common Crawl |
Demandes explicites de retrait | Suppression garantie des contenus pas négociés |
Menace d’action en justice | Pression sur les fournisseurs d’IA pour négocier |
Des nĂ©gociations toujours compliquĂ©es malgrĂ© l’opt-out : l’évolution des rapports entre Ă©diteurs et fournisseurs d’IA
Depuis septembre 2023, des éditeurs membres de l’Alliance ont initié un système d’opt-out pour signaler leur volonté de ne pas voir leur contenu utilisé par les LLM. Pourtant, six mois plus tard, la réalité reste dure. Le dispositif a été accueilli froidement, et très peu de fournisseurs d’IA ont répondu positivement aux demandes explicites de discussion formelle.
C’est là que la tactique de l’Alliance se révèle pragmatique et musclée : reconnaître l’impossibilité de prouver directement le crawling sur chaque site, mais établir que Common Crawl, base publique, est le canal privilégié. Une preuve robuste et documentée par des constatations d’huissiers vient donc renforcer la posture des éditeurs.
Quelques points pour mieux cerner ce blocage :
- 🕵️‍♂️ Technicité supérieure des IA qui brouillent leurs traces sur les sites sources
- 📡 Common Crawl, nid oublié et pourtant pivot d’accès préféré par les fournisseurs
- ⚖️ Aspects juridiques nébuleux dans un cadre législatif européen encore exsangue
À noter qu’en attendant des décisions fermes des cours de justice de l’Union européenne, les éditeurs comme La Croix, L’Équipe ou Sud Ouest s’organisent pour affirmer leur contrôle et font front commun via cette initiative.
Si vous cherchez à mieux comprendre comment faire valoir vos droits en 2025, jetez un œil à cette analyse pointue sur les success stories des startups IA et entrepreneurs qui ont su tirer leur épingle du jeu.
Obstacles rencontrés par les éditeurs | Contournements ou solutions envisagées |
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Complexité technique du tracing IA | Recours aux preuves indirectes via Common Crawl |
Refus des fournisseurs d’IA de négocier | Actions judiciaires et mises en demeure massives |
Manque de cadre juridique précis | Pression politique via lobbying et alliances stratégiques |
Les enjeux financiers et économiques derrière le bras de fer entre éditeurs et IA
Pour les éditeurs, la bataille ne se limite pas à un combat juridique ou de principe. C’est un enjeu économique de premier plan. La presse d’information générale, regroupant des acteurs majeurs comme La Dépêche du Midi ou Les Echos, doit défendre un modèle économique largement fragilisé :
- 📉 Baisse chronique des abonnements à cause d’une information dévaluée par les IA
- 🚫 Perte structurelle de la publicité, aggravée par les modèles alternatifs de consommation numérique
- 📊 Risque d’effondrement des recettes, obligeant à repenser le financement des rédactions
Un exemple concret ? L’impact visible sur le chiffre d’affaires publicitaire global est palpable, comme évoqué dans cet article sur les inquiétudes quant aux recettes publicitaires de la presse française.
De plus, face à cette menace, des éditeurs misent sur des leviers diversifiés, certains testent même des astuces marketing comme le « millard pour deux pizzas », qui illustre la créativité face aux bouleversements (voir lien milliard-pour-deux-pizzas).
Au final, forcer Common Crawl et ses clients à payer des licences serait la reconnaissance non négociable d’une valeur économique tangible, au-delà d’une simple reconnaissance morale ou juridique. C’est aussi la garantie d’un avenir plus juste pour des médias qui se battent encore pour leur survie.
Éléments financiers impactés | Conséquences pour les médias |
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Perte de revenus d’abonnements | Diminution des moyens pour enquêtes et reportages |
Effondrement des recettes publicitaires | Réduction des investissements éditoriaux |
Valorisation non reconnue du contenu IA | Montée des tensions entre presse et secteur tech |
Vers une nouvelle ère : comment la reconnaissance des droits des Ă©diteurs va transformer l’Ă©cosystème numĂ©rique
On n’a pas fini de voir se décanter le hors-jeu entre médias traditionnels et géants de l’intelligence artificielle. Mais cette action sans précédent pilotée par Léa Boccara et Pierre Petillault ne sert pas seulement des intérêts corporatistes. Elle vise à réinventer le rapport au savoir, à l’information et aux modèles financiers qui sous-tendent l’écosystème numérique.
Plusieurs points clés se dégagent :
- ⚡ Un signal fort envoyé aux fournisseurs d’IA : l’accès à la donnée ne sera plus gratuit ni détourné
- 📜 Des bases légales solides fondées sur la propriété intellectuelle et le droit d’auteur européen
- 🤝 Des négociations à venir qui transformeront en profondeur les relations entre presse et tech
- 🌍 Une harmonisation européenne nécessaire pour cadrer un marché mondial
C’est la promesse de compensations justes et d’un contenu créatif protégé, conditions indispensables pour que des médias de référence comme Sud Ouest ou L’Équipe continuent d’exister dans un marché saturé et dominé par la Big Tech.
On peut aussi anticiper une poussée réglementaire forte des institutions européennes, qui jusque-là ont traîné des pieds sur ce dossier. Pour préparer cette évolution, il faut garder un œil aiguisé sur les dynamiques de négociation et ne pas se contenter d’attendre en spectateur.
Et pour suivre à la loupe ces enjeux numériques à Bordeaux et ailleurs, voici un bon point de départ avec l’article sur la vision futuriste des visioconférences hologrammes selon Verne, qui mêle innovation et anticipation stratégique.
Transformations attendues du secteur IA/presse | Bénéfices concrets |
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Redevances pour l’accès aux contenus | Assurer un financement durable pour la création éditoriale |
Meilleure protection juridique | Réduire les risques de copie illicite et de dérives |
Renforcement des négociations commerciales | Établir un dialogue équilibré presse-tech |
Questions fréquentes utiles
- Quel est le rĂ´le de l’Alliance de la presse d’information gĂ©nĂ©rale dans cette dĂ©marche ?
L’Alliance fédère les éditeurs de presse d’information générale pour défendre leurs droits face aux attaques du crawling illégal de leurs contenus par des bases publiques comme Common Crawl. - Pourquoi Common Crawl pose-t-il problème pour les éditeurs ?
Common Crawl collecte massivement des contenus, souvent en contournant les barrières payantes, ce qui impacte directement les revenus et la valeur des éditeurs. - Quelles actions concrètes ont été prises par l’Alliance ?
Envoi de 240 mises en demeure avec preuves d’huissiers ; introduction de l’opt-out en 2023 ; menace de poursuites judiciaires en cas de refus de négocier. - Quels sont les grands acteurs de l’IA concernés ?
Amazon, Google, Meta, OpenAI, Microsoft, Anthropic, ByteDance, Mistral, Perplexity, parmi d’autres. - Que signifie cette bataille pour l’avenir des médias ?
C’est une lutte cruciale pour préserver la valeur économique, la pérennité éditoriale et la légitimité des contenus face à l’appropriation par les géants de la tech.
Super article, Basil ! J’adore votre façon de rendre le sujet si accessible et engageant !